Arrivée au château

Nombre de messages : 124 Date d'inscription : 14/02/2006

L'armée étincelante s'arrêta aux portes du château. La scène aurait pu paraître moyenageuse si plusieurs aérocars n'avaient pas suivi la troupe. De l'un d'eux, on fit descendre Leïla et Vénus, cette dernière étant toujours inconsciente. Le dieu avait donné des ordres pour qu'elles soient amenées dans une chambre dont elles ne pourraient s'évader, toutes les deux, et qu'on subvienne à tous leurs besoins. Les commandements furent exécutés avec rapidité et efficacité, et les deux jeunes femmes se trouvèrent enfermées dans une chambre du château, une des plus confortables.
Leshger descendit de cheval et ordonna à un palefrenier de prendre soin de l'étalon. Il fit signe à son frère de le suivre dans le château et se rendit derechef dans la salle du trône. Il s'affala sur le grand fauteuil en or, de manière peu gracieuse... mais après tout, il n'y avait que lui et Maruv. Il avait donné des ordres pour qu'on les laisse seuls, il voulait parler à son frère.

J'aimerais que tu me dises ce que tu comptes faire pour Leïla...

Nombre de messages : 142 Age : 32 Date d'inscription : 14/02/2006

Maruv regarda son frére. Il était vraiment fort.

"Je compte faire exactement la même chose que ce que tu as fait avec Vénus il y a 5 ans. Ce que tu lui a annoncer dans la Villa, alors que j'essayait de la faire douter avec ton plan secret."

Il sourit.

"Et pour une fois, si il te plaît, n'essaye de faire capoter ça."

*Je pourrai peût-être avoir une femme? Il ma déja prit la première*

"Est-ce que j'ai le droit à une chambre ou pas?"

Il ne voulait pas s'attarder sur le sujet de Leïla.

Nombre de messages : 124 Date d'inscription : 14/02/2006

Il sourit, les yeux dans le vague en repensant à ce jour. Puis il répondit :

Je n'essaierai pas de faire tomber ton projet à l'eau... je te donne même ma... "bénédiction", si je puis appeler cela comme ça.

Il claqua des doigts et une coupe de vin rouge, un rouge sombre qui ressemblait à du sang, apparut entre ses doigts. Il fit mine de porter un toast à Maruv et but le vin d'un trait. Leshger ne craignait pas les effets de l'alcool, étant dieu, il était totalement immunisé.

Tu peux avoir une chambre, bien sûr, c'est l'un de tes multiples droits les plus stricts. Au deuxième étage du château, couloir Nord, la chambre centrale. En fait, ce sont de grands appartements... tu pourras y amener Leïla, bien entendu...

Un léger sourire flotta un instant sur ses lèvres et il contempla pensivement son verre vide.

Nombre de messages : 142 Age : 32 Date d'inscription : 14/02/2006

Maruv fit craquer les jointures de son cou.

"Merci de ta bénédiction. mais, on va dire que cette bataille a un peu duré et que l'esprit de Deshran n'est pas le plus reposant.

Il bailla, la bouche grande ouverte.

"Dommage qu'il n'y ait pas de banquet pour célébrer cette victoire."

Il se dirigea vers les chambres et donna une grnade tape dans l'épaule de Lesgher.

"Bonne nuit mon frére. A demain, je suis trop crevé pour rester debout."

Il monta un escalier, et se dirigea vers les chambres.

Nombre de messages : 205 Date d'inscription : 14/02/2006

La jeune femme avait voulu se téléporter à Abribeth, manque de chance, elle avait été redirigée au château d'Anseln.

Dehors, il faisait nuit. Le palais d'Einaff était entièrement vide, Vénus était dans la salle du trône... une pure merveille, où l'on ne se lassait pas de promener son regard.

Oui, la salle du trône du château d’Anseln, résidence d’Einaff, était un véritable trésor à elle seule. Le sol était fait du plus beau marbre noir, les murs étaient lambrissés d’or et on y voyait des fresques de pierres précieuses, des émeraudes, des saphirs, des péridots, des topazes bleues, parfois même des diamants, des colonnes de malachite formaient un péristyle autour de la salle, le plafond, en marbre vert, formait un dôme sur la pièce, qui avait la taille d’une cathédrale. Au fond, devant un mur drapé de tentures noires, de la soie probablement, se tenait une estrade de bois précieux incrusté de marbre noir. Dessus, un trône au dossier haut de plus de trois mètres, en or massif, incrusté d’émeraudes. Tout respirait le luxe ici, absolument tout. Même vide, la pièce était impressionnante.

Vénus avait toujours aimé cet endroit, du temps d'Einaff comme maintenant, et surtout la nuit. Il faisait sombre, très sombre, mais la jeune femme parvenait à distinguer les meubles, les tableaux, elle les connaissait par coeur. Elle connaissait bien ce petit canapé vert dans un coin, réservé aux valets, elle s'y était maintes fois vautrée étant petite. Mais maintenant, elle n'avait plus l'âge de jouer sur un canapé.

Elle soupira et regarda le trône. Elle ne le convoitait pas, elle était une des seules de tout ce maudit pays à ne pas le convoiter, et pourtant, maintenant qu'elle était en face, il lui semblait l'appeler, l'attirer, lui parler. Vénus était décidée à ne surtout, surtout pas céder à cette tentation, ce serait accepter le piège de Leshger.

Elle ferma les yeux un instant. Elle avait besoin de faire le point, l'aimait-elle encore ou non ? Elle se rappelait des bons moments qu'elle avait passé avec lui, mais aussi des mauvais. Son enchaînement d'idée l'amena à l'époque d'Einaff et de Théa, l'époque où elle n'était que petite fille... Cette scène dans les jardins, ces jardins paradisiaques, le jour où Einaff, pour ne pas perdre sa femme Théa, l'avait rendue totalement idiote et naïve, l'empêchant de réflechir...

Il n'y aurait plus de jardin paradisiaque...
Plus de parties de cache-cache dans le labyrinthe de buis...
Plus d'amour, plus d'affection, plus de Vénus, plus qu'une fillette qui retrouvait son enfance avec plus de larmes encore qu'à l'époque...

En effet, une larme roulait sur la joue pâle de la jeune femme. Ses yeux toujours fermés, elle semblait être ailleurs, dans un autre temps. Et elle l'était, elle avançait peu à peu vers sa propre époque, en traversant toutes celles qu'elle avait vécues ici. De sa naissance à ses cinq ans, quand elle avait surpris son père en train d'ensorceler sa mère, puis de ses neuf à ses douze ans, quand elle avait fui.

Les bras croisés sur son ventre, la jeune femme vacillait légèrement sur ses pieds. Son visage exprimait la douleur, une douleur sourde qui partait du creux de ses reins jusque dans sa nuque. La douleur du poids du passé... Il lui semblait encore entendre la voix de sa mère qui fredonnait une chanson sans paroles, alors qu'elle était assise dans le jardin, qu'elle n'avait conscience de rien... cette voix si tendre, cette voix si douce, cette voix pour laquelle Einaff Threnott s'était damné... il était finalement capable de sentiments, oui, mais de sentiments meurtriers ; son amour s'était transformé en haine, sa gentillesse en colère, sa douceur en dureté. Il n'était plus que son alter ego, que son moi profond, que cet être sans âme...

Depuis qu'elle avait vu ce qu'il y avait derrière le masque, Vénus savait ce que son père avait fait. Il avait vendu son âme à Leshger, en échange de la vie éternelle... et il avait ainsi, au fil du temps, perdu cette beauté diaphane qu'il avait conféré à Vénus. Il n'était plus qu'un cadavre ambulant, un cadavre mort, maintenant...

Son esprit retourna à Leshger. Il lui avait tant de fois sauvé la vie, et il était si tendre avec elle... et pourtant si cruel, au fond. Comment un homme pouvait-il ainsi changer selon la personne qu'il avait en face de lui ? Vénus ne comprenait pas.

Elle sortit dans le jardin, de ce côté-ci il n'y avait que quelques mètres d'herbe avant d'atteindre le mur. Elle voulut toucher la pierre de celui-ci, mais fut violemment repoussée en arrière par un champ magnétique... elle était donc prisonnière. Elle poussa un soupir, si elle devait passer un temps indéterminé ici, autant que cela se fasse dans de bonnes conditions. Elle n'allait pas dormir dehors.

Elle retourna dans le château et se nicha dans "son" canapé vert. Roulée en boule, comme un félin, elle essuya ses larmes d'un revers de main et s'abandonna au sommeil, retrouvant les bras si réconfortants de Morphée. Elle n'avait pas peur, ni de la mort ni de la douleur, elle désirait la paix... peut-être la mort serait justement sa délivrance... A cette idée, elle ouvrit brusquement les yeux. La cuisine ?

Elle s'y dirigea, elle était vide. La table centrale, en bois clair, était recouverte de couverts, de nourritures et de carafes de vin. Ainsi donc, on avait festoyé ici peu de temps auparavant... qui avait bien pu fêter quoi ? Mais quand elle cligna des yeux, tout disparut. Ce n'avait été qu'une simple illusion...

Vénus chercha le tiroir où étaient rangés les couteaux, et quand elle le trouva, prit grand soin de chercher la lame la plus affutée, le manche le plus élégant, bref, le couteau parfait pour mourir. La jeune femme passa son pouce sur la lame du couteau qu'elle avait sélectionné, une goutte de sang rouge perla sur sa peau. Instinctivement, elle porta son doigt à ses lèvres. Le sang avait un goût délicieux, qui rappelait la vie, cette vie qu'elle souhaitait tant quitter...

Elle regarda son arme. Un manche doré, incrusté de pierres précieuses, à la lame pure et effilée, aux reflets colorés. Belle ciselure... ce devait être un couteau de sacrifice... et ce soir, il sacrifierait pour la dernière fois. Il sacrifierait Vénus Abribeth Threnott, incarnation vivante de l'Esprit Maître d'Antiaz, belle femme désirée par le plus puissant des dieux.

Elle se rendait compte peu à peu qu'elle avait apprécié la période d'Einaff, car elle comprenait l'intérêt qu'elle avait pour celui qui la traquait, ses pouvoirs... et puis elle n'était pas trop le centre du monde, elle pouvait se reposer de temps à autres. Maintenant, la guerre se faisait contre Leshger, qui ne s'intéressait qu'à elle, et au royaume. De rage, Vénus donna un coup de poing dans la table. Il était temps d'en finir.

Un simple coup, une brève douleur, et tout serait fini... en aurait-elle le courage ? Elle l'ignorait encore, mais elle savait que si elle ne parvenait à se tuer, quelqu'un pourrait le faire à sa place. Elle n'avait qu'à demander, sa mort était souhaitée par beaucoup.

Elle repensa une dernière fois à ce qu'elle allait quitter. Une guerre incessante, un mal omniprésent, un mensonge pérpetuel, une hypocrisie désagréable, non, elle ne regretterait pas. Mais elle pensa aussi à ce qu'elle allait trouver. Un Enfer, où elle ne risquerait pas d'avoir trop froid, car le feu et Leshger se chargeraient de la réchauffer, où elle souffrirait sans cesse. Etait-ce cela qu'elle voulait ? Etait-ce cette vie -cette mort- maudite qu'elle désirait ?

La lame à quelques centimètres de son coeur, les doigts crispés sur le manche, elle hésitait. Vivre un Enfer ou mourir en Enfer... sur qui pouvait-elle encore compter ? Qui arrêterait son geste si jamais elle commettait cet acte ? Qui ? Elle posait la question à voix haute, d'une voix désespérée et triste. Non, personne ne l'aiderait, personne, jamais. Elle était seule, seule avec elle-même et avec les ombres de la nuit, seule dans son âme et dans son coeur. Seule. Et paisible.

Le ferait-elle ? Sa main tremblait, mais ses doigts étaient si serrés que leurs jointures devenaient blanches. La lame était à quelques centimètres de sa poitrine, elle n'avait qu'à faire un geste pour quitter cette vie... elle prit sa décision, elle brandit le couteau devant elle et plongea sa main vers son propre coeur, sentir enfin son propre sang sur ses propres mains plutôt que celui des autres sur des mains divines...

Divines...

Alors que la lame allait déchirer sa peau, Vénus lâcha le poignard qui tomba au sol avec un grand fracas. Elle n'arriverait pas à mourir, pas pour se retrouver avec LUI éternellement, entourée de magma en fusion, à subir les caprices de Leshger. Non, elle ne pourrait supporter ça, c'était au-dessus de ses forces bien maigres... Elle n'était qu'une femme qui aspirait à une vie tranquille, était-ce trop demandé ?

Nombre de messages : 124 Date d'inscription : 14/02/2006

Le château d'Anseln, vu de l'extérieur, avait tout pour paraître inquiétant. Une grande forteresse à l'élégance des plus beaux palais, aux fenêtres vides et sombres, à l'air mort mais néanmoins surveillant les alentours...

Mais pour effrayer Leshger, alors qu'il était dieu du mal, des enfers, de la peur, de la mort et autres choses sympathiques, il en fallait plus, bien plus. Beaucoup plus qu'une simple bâtisse, un tas de pierres.

Le dieu se sentait un mal de crâne tenace, comme après une longue nuit d'insomnie passée devant un ordinateur par exemple... (vous connaissez pas ? bah moi si, je suis en train justement.... grumph.) Il savait que Vénus était prisonnière à l'intérieur -et s'en voulait un peu de la retenir ainsi captive, mais la faim justifie les moyens, et justement il avait faim d'elle-, il espérait qu'elle ne ferait rien de stupide... comme tenter de se suicider, par exemple.

A peine avait-il passé les portes du château -de SON château, à présent-, qu'il entendit un grand fracas, celui du métal qui heurte la pierre, celui d'un couteau qui heurte le sol. Inquiet, il guetta, mais ne perçut pas de bruit de chute. Vénus n'était pas morte.

Il se dirigea calmement vers la cuisine, tentant de calmer son anxiété, cette angoisse sourde qui lui remuait les entrailles, et passa la porte. La jeune femme se tenait debout, un poignard sacrificiel gisant au sol, immaculé. Leshger s'approcha d'elle et la prit doucement dans ses bras, voulant lui faire comprendre qu'il ne lui ferait pas de mal.

Vénus... pourquoi vouloir mourir ? Tu sais très bien pourtant ce qui se passera si jamais tu meurs. Ce serait idiot. Je sais que tu as peur que je me comporte comme ton père, à tous les niveaux, mais je ne suis pas du tout comme lui, mon ange... je t'aime vive et intelligente, curieuse de tout, fougueuse, et pas apathique et perdue dans des songes illusoires. J'aime Antiaz, même s'il ne me le rend pas, car après tout maintenant j'en suis le Dieu Suprême... crois-tu que je serais capable de faire du mal à la femme que j'aime et à mon pays ? Non, Vénus, je ne pourrai pas. Fais-moi confiance, OK ?

Ces paroles, murmurées sur un ton doux, avaient pour but d'apaiser les craintes de la jeune femme. Il percevait son trouble et ses doutes, ses questionnements quant à l'avenir qui l'attendait, cette impression que personne ne la regretterait. Elle était tombée bas, elle, l'incarnation de l'énergie... il voulait tant lui remonter le moral, et pourtant il savait très bien que tout était de sa faute à lui. C'était rageant.

Il caressa doucement la chevelure de Vénus et déposa un léger baiser dans la nuque de la jeune femme. Allait-elle le repousser, ou non ? Avait-elle décidé de laisser parler son coeur ou ses scrupules ? Il voulait savoir...

Nombre de messages : 205 Date d'inscription : 14/02/2006

Vénus sentit quand Leshger l'enlaça un frisson lui parcourir l'échine, de la naissance de la nuque jusqu'au creux des reins. Un frisson de peur, mais aussi de désir... dans les bras du dieu, elle se sentait belle, elle se sentait bien.

Et elle se rappelait des pires moments de sa vie, tout au même rythme... Les jardins... quand elle avait surpris son père ensorcelant sa mère... sa fuite, traquée par les armées d'Antiaz... le sauvetage de Yohanna, mais trop tard, elle avait perdu la vue et ses pouvoirs... la première rencontre avec Leshger, alors qu'elle avait été capturée par un prêtre qui avait dur comme fer l'intention de la sacrifier... la fuite à travers Anseln, le bal masqué dans le château, où elle avait tenté de sauver sa mère, sa capture par son père qui avait voulu la marier à un prince de Karaah, elle avait été sauvée in extremis, les batailles, le tribunal divin, la mort de son père et la sienne, Clio... Tout ça, c'était de la faute de Leshger, s'il n'avait pas accepté le marché d'Einaff, à savoir l'âme du mage contre une puissance inimaginable, si cela n'était pas arrivé, Antiaz serait en paix... ou peut-être pas au fond.

Elle se laissa faire un instant, perdue dans ses pensées, et se déroba prestement. Elle pivota sur ses talons et fit face à Leshger, Mains sur les hanches, l'air déterminé, elle le fixa dans les yeux sans ciller. Elle était toujours vêtue de ses habits terriens, mais l'étole transparente qu'elle portait était tombée à terre, laissant ses bras nus... il faisait froid, elle gelait sur place, mais pas question de le montrer ! Elle claqua des doigts et se retrouva vêtue comme à Antiaz, pantalon noir moulant, hautes cuissardes en cuir noir, tunique courte noire à manches trois-quart amples au décolleté carré, sur laquelle était passé un corset noir en cuir lacé de rubans bleu foncé, s'arrêtant juste sous la poitrine. Ses longues boucles noires reposaient sur ses épaules, elle était belle, mais ses yeux reflétaient colère, haine, tristesse.

Pourquoi m'as-tu enfermée ici ? Qu'y gagnes-tu ? il me semble t'avoir dit que je ne voulais plus croiser ta route, t'es sourd, ou tu le fais exprès ?

Sa voix avait quelque chose d'agressif, elle luttait à la fois contre elle-même et contre lui, contre ce palais tout entier, elle voulait résister à l'attraction qu'elle éprouvait pour ce trône, à quelques mètres, dans la salle attenante...

Ne laissant pas à Leshger le temps de lui répondre, elle tourna les talons avec un sourire exaspéré et se rendit dans ladite salle. Mais cette fois, elle ne put résister. Elle monta lentement les quelques marches qui menaient au trône, aux deux trônes, de la même taille et de la même splendeur, et effleura l'or qui les composait. C'était si beau, si riche, si fantastique...

Elle se retourna vers la salle, il lui semblait que des centaines de nobilitas dansaient la valse, comme durant les grands bals donnés par son père. Son père... en fait, elle tenait beaucoup de lui. Durant toutes ces années, pourquoi avait-elle lutté ? au plus profond d'elle-même, elle savait que ce n'était pas pour la paix en Antiaz, mais parce qu'elle voulait le trône, inconsciemment peut-être, mais c'était vrai... était-elle un monstre ? oui, au plus profond, elle en était un. Un monstre avec une âme, mais voyant toujours un intérêt personnel, même dissimulé. Comme ses amis la détesteraient, s'ils savaient...

Elle hésita un instant, et s'assit sur le trône de droite. Jambes croisées, bras sur l'accoudoir, dos droit et port de tête fier, elle avait l'allure d'une reine. Leshger allait la suivre, elle le savait, elle l'attendait. Un jour, les autres *allusion aux amis de Vénus* comprendraient qu'elle était humaine, et qu'il fallait se méfier des gens soi-disant honnêtes, car c'étaient les plus enclins à faire des choses dites stupides par les autres...

Quand Leshger entra, Vénus leva un peu plus le menton et siffla pour attirer son attention. Elle laissa son dos aller contre le dossier et croisa les bras, un petit sourire avec quelque chose de pervers au visage.

Ca t'étonne ? A force de subir, je finis par ne plus avoir toute ma tête, ça me paraît presque normal. Normal de régner. Après tout, je l'ai mérité, non ? Sept ans à lutter, d'abord contre Einaff et ensuite contre toi, je crois quand même que ça mérite récompense. Même si, sur le papier, contre toi j'ai perdu.

Elle eut un petit rictus montrant qu'elle avait beaucoup plus d'une corde à son arc. Elle se leva d'un mouvement félin et se glissa derrière le trône caressant le haut du dossier, et vrillant ses yeux dans ceux de Leshger. Elle poursuivit d'une voix forte :

Mais seulement sur le papier. Tu n'as pas remarqué que peu à peu, grâce à toi, je me rapprochais du trône ? Trône qui me revient de droit. Et si je règne, je sauve Antiaz, c'est tout simple. Être puissante ne rime pas forcément avec être psychopathe et mégalomane, et je ne le suis pas. Pourtant l'hérédité est lourde...

Vénus caressa distraitement le dossier d'or du trône, l'air rêveur. Les intrigues, les complots, les vengeances, les fastes, les guerres, les richesses... l'hypocrisie à lire dans les regards de ceux qui se prétendent être amis, la diplomatie mielleuse...

Je crois que je pourrai m'y faire,

Murmura Vénus. Elle avait vécu beaucoup de choses, sauf ça, et elle ne pouvait nier que ça l'intéressait. Elle perçut un message télépathique en direction de Leshger, envoyé -inconsciemment sans doute- par Leïla. Elle esquissa un sourire, le fait qu'elle l'ait perçu signifiait que le château la considérait comme la véritable reine. Elle toucha son front, bientôt, il serait ceint d'une couronne...

Nombre de messages : 124 Date d'inscription : 14/02/2006

(Vénus qui montre son vrai visage Very Happy

youpi)

Il la suivit quand elle se déroba et s'éclipsa, elle ne lui laissait même pas le temps de répondre. Un vrai courant d'air, c'était hallucinant, incapable de rester en place deux secondes. Il l'aimait comme elle était.

Il entra dans la salle du trône, et regarda instinctivement du côté du canapé vert, il savait qu'elle aimait bien ce divan, mais elle n'y était pas... un sifflement attira son attention. Une expression de surprise passa sur le visage du dieu, il se battait pour la convaincre de devenir sa reine depuis trois plombes, et maintenant, elle lui annonçait qu'elle prenait le trône. Seulement, il devinait très bien que si elle devenait reine, ce serait sans lui...

Tu es perfide, Vénus, quand tu t'y mets. Mais je finis par te connaître, et je vois où tu veux en venir. Seulement, je ne suis pas d'accord. J'ai encore un peu de pouvoir sur Antiaz, encore heureux, et si un dieu refuse l'installation d'un souverain qui ne soit pas son égal, on en trouve un autre.

Il se rendait bien compte qu'elle n'allait pas du tout aimer le fait qu'il ne la traite pas comme une égale, et espérait la provoquer assez pour qu'elle s'énerve. Il la considérait comme aussi puissante que lui en réalité, et l'admirait franchement. Admiration, respect, amour, il éprouvait tout pour elle, même la haine.

Tu ne veux plus croiser ma route, et en même temps, tu fais tout pour. Tu aurais simplement pu refuser de revenir à Antiaz, ç'aurait été simple, je ne t'aurais pas harcelée puisque je serais mort. Oui, mort, un immortel. Remarque, tu l'aurais été aussi... Je t'ai enfermée parce que tu es d'un tempérament plutôt lunatique et que tu as tendance à changer trop souvent d'avis... j'ai résolu pour toi le problème du choix.

Il monta les marches menant au trône et se glissa lui aussi derrière le dossier. Il prit une des mains de Vénus et lui fit un baisemain galant et élégant.

Reine avec moi, ou rien du tout... mais si tu n'es rien du tout, j'ai encore plus de pouvoir sur toi, penses-y. Oui, sur le papier tu as perdu, mais il me semble qu'ils ont tous oublié quelques petites choses, tes amis... et toi aussi d'ailleurs. Je suis dieu, et maintenant dieu suprême, et mes désirs sont des ordres.

Il esquissa un sourire machiavélique, limite diabolique, et soudain reçut le message télépathique de Leïla... "pourquoi faut-il que tu sois dans sa vie... viens te battre avec moi si tu es un homme de toute façon je sais que tu la tuerais si elle faisait pas ce que tu veux tu n'a aucune pitié et tu tuerais même celle que tu aime avoue le!"

Il soupira. Il avait fait en sorte que Vénus puisse entendre, et qu'elle entende aussi sa réponse...

En effet, Leïla, je serais capable de tuer Vénus. Mais je ne le ferai pas si elle ne m'y force pas. Je suis dans sa vie parce qu'elle l'a choisi, plusieurs fois elle aurait pu simplement m'oublier, elle ne l'a pas fait... oh, et dernière chose... je ne suis PAS un homme.

Il se tourna vers Vénus, il savait qu'elle savait qu'en effet, il pourrait la tuer, et que ça ne l'affectait pas. Elle n'avait pas peur de la mort, seulement des morts.

Je crois, ma chère, qu'il va falloir rappeler à tes aimables amis d'Antiaz qu'un dieu est bien plus qu'un homme et que recevoir les attentions d'un dieu digne de ce nom est beaucoup plus qu'un honneur.

Il vit dans ses yeux qu'elle cédait. Enfin, après cinq ans de combats acharnés, elle était à lui... de corps et d'âme. Il l'embrassa avec passion, il voulait la posséder une fois de plus, mais l'heure n'était pas au plaisir de la luxure. Aaradir venait d'être tué...

Maudit Deshran. Vénus, je vais avoir besoin de ton aide, je sais que tu répugnes à te battre contre tes amis, mais si tu ne le fais pas, tu n'auras jamais le trône...

Et dans son regard, toujours l'acceptation. Leshger sourit, comme il l'aimait ainsi. L'embrassant à nouveau, entourant la taille fine de la jeune femme de ses bras, il les téléporta à Anseln...