Enfin... la vengeance !

(je fais agir le fiancé pourquoi toujours moi ? attaquez-vous à quelqu'un d'autreuh)

Vénus était déjà au bord de l'apoplexie en entrant dans le cimetière, alors quand ce fut dans le caveau familial... et quand ses parents revinrent à la vie... elle manqua de s'évanouir, mais tint bon.
Seulement, quand elle fut projetée dans son propre cercueil, un frémissement terrible la parcourut et elle dut faire de gros efforts pour ne pas hurler. Et quand le zombie s'approcha d'elle, elle se mit à trembler de tous ses membres, terrorrisée.
Elle savait ce qu'il lui voulait, il lui avait dit très clairement... il s'était à présent allongé sur elle... elle voulut lui refuser tout accès à ses lèvres et à son intimité, peine perdue... il réussit à la violer...
Elle faillit vomir à plusieurs reprises, mais finit par surmonter l'horreur qui grondait en elle... quand le zombie la laissa partir, ce fut un soulagement intense... elle se sentait sale, sale et souillée. Elle voulait voir Leshger... sentir le réconfort que lui procureraient les bras du dieu autour d'elle. Elle sortit, presque en courant, du mausolée, et dans le cimetière, appela à pleins poumons Leshger. Elle n'avait pas la force de marcher, et tomba à genoux dans l'herbe humide, se traînant jusqu'à un arbre...

Il avait cherché Vénus durant un temps qui lui avait semblé interminable. Et enfin, il l'avait trouvée, dans le cimetière... Elle était agenouillée sous un chêne. Leshger ne lui demanda pas ce qui s'était passé, il l'avait lu dans son esprit... il comprenait son horreur, et l'enlaça tendrement. Il déposa un baiser doux dans son cou et lui murmura :

Ca ne se passera pas ainsi, mon amour, je ne laisserai pas Heckhaat s'en tirer comme ça. Elle a abusé de son pouvoir. Je ne peux le permettre, et je le permettrai pas.

Il glissa un doigt sous le menton de la jeune femme et l'obligea à tourner la tête vers lui avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Il passa sa main dans la chevelure de Vénus, jouant avec les boucles de cheveux de la jeune femme.

Elle posa sa tête contre le torse de Leshger, soulagée. Quelques larmes roulèrent sur ses joues, elle n'en pouvait plus.

Pourquoi en a-t-elle après moi ? Que lui ai-je fait ? J'ai l'impression que tout le monde veut ma mort et mon déshonneur. Je ne tiens plus debout, je suis fatiguée et lassée de tout cela, je crois que je vais aller me laisser mourir...

Elle ne pensait pas ce qu'elle disait, mais cela sortait de sa bouche sans qu'elle puisse le retenir. Elle tremblait de froid, de peur, d'épuisement...

Je t'en prie, Leshger, pardonne-moi... je n'ai pu lutter. J'ai fais ce que j'ai pu... je t'en supplie, ne m'amène pas dans les catacombes, j'en ai assez supporté pour aujourd'hui.

Il la serra un peu plus fort. Il écouta ses questions avec un léger sourire amusé et lui répondit dans un murmure

Tu as mes faveurs, et cela, Heckhaat ne peut le supporter. Elle est d'une jalousie monstrueuse... et croit que ni Maruv ni moi, étant ses frères, n'avons le droit de prendre des maîtresses, ou pis encore à ses yeux... d'aimer réellement. Elle t'en veux aussi parce que tu es plus belle qu'elle...

Il sentit qu'elle avait froid et détacha l'agrafe d'argent qui retenait sa cape pour faire glisser la soie noire sur les épaules de Vénus. Il ferma les yeux, tournant son visage vers la chevelure de la jeune femme pour en respirer l'odeur rosée, glissant à nouveau sa main dans la cascade de boucles d'ébène... et sentit alors... qu'elle se servait de l'ubiquité...

*Où donc te rends-tu, ma reine ?...*

Il suivit mentalement la trace magique du double de Vénus. Le Sanctuaire d'Azer... elle l'avait faite revenir !
Il ouvrit brusquement les yeux et empoigna plus fermement les cheveux de la jeune femme, vrillant son regard dans le sien...

Tu n'aurais pas dû faire ça, mon amour. J'en conclus que tu n'acceptes toujours pas ma... proposition ?

Elle tremblait de tous ses membres, maintenant, l'usage de ses pouvoirs de guérison sur Azer en usant en même temps de l'ubiquité l'avait épuisée, elle n'en pouvait plus. De plus, son esprit était fractionné, ce qui augmentait à son état de fatigue. Elle avait mal partout, l'impression d'être coupée en deux, elle était vraiment à bout. Et maintenant, Leshger venait de violemment la saisir par les cheveux... Il ne manquait plus que cela. Elle n'arrivait pas à ramener son double vers elle... à recoller ses atomes, ses molécules, non, elle n'y arrivait pas... elle ouvrit de grands yeux paniqués.

Leshger... s'il... te plaît... j'ai... mal... je ne peux... pas... ramener... mon double...

Réussit-elle à articuler avec difficulté. Elle se prit la tête entre les mains, tremblant de plus en plus, respirant avec peine.

Ce n'est... pas... le moment... de me parler de... proposition...

Il ne montra pas l'émotion qui l'envahit quand il sentit les tremblements de la jeune femme. Mais, au bout de quelques secondes, il lâcha les cheveux de son aimée et prit doucement ses poignets. Il se concentra sur le double de Vénus, et se dédoubla lui aussi. Il commanda à sa projection d'agripper la deuxième Vénus et de la ramener dans le cimetière... bientôt, deux formes apparurent, deux formes qui se fondirent avec les deux corps enlacés. Leshger n'avait quasiment rien senti, mais qu'en était-il de Vénus ?

Vénus... ça va ? comment te sens-tu ? Je suis désolé d'avoir été si brutal... mais comprends-moi... ma mère est le dernier obstacle qui me sépare des deux choses que je désire le plus au monde... Antiaz... et toi.

Il la regarda droit dans les yeux, l'air vraiment inquiétant. Sa main descendit le long de la cuisse de Vénus, la frôlant à peine, il avait lâché la jeune femme.

Il est temps de retourner sur le champ de bataille... mais avant, je voudrais que tu me dises si oui, ou non, tu acceptes ma demande, et si oui, ou non, j'aurai besoin d'user de torture... si tu veux poser des conditions, quelles qu'elles soient, je les accepterai...

Il la regarda avec douceur et déposa un tendre baiser sur les lèvres de la jeune femme.

Elle tremblait de plus en plus, au bord de la syncope... quand enfin, Leshger ramena son double... elle poussa un soupir de soulagement, le front couvert de sueur. Elle ressentait la douleur jusque dans la moindre cellule de son être, et n'était pas fâchée d'enfin y échapper...
Elle écouta Leshger. Toutes les conditions, il les accepterait... vraiment ?
Sa raison lui hurlait de ne pas accepter, même sous la torture, de ne pas dire oui, de lutter jusqu'au bout... comme une vraie Abribeth Threnott... Mais en même temps, ce qui la dérangeait dans ce problème, c'est qu'elle se doutait que Leshger serait, comme Einaff avant lui, un terrible tyran. Or, c'était totalement contraire aux principes de la pacifique Vénus. Cependant, si elle tenait sa promesse et qu'il tenait la sienne, ce serait, pour l'un comme pour l'autre, un soulagement...
Elle frissonna quand la main du dieu frôla sa cuisse, et elle ne put s'empêcher de se demander pour la énième fois ce qu'elle avait de particulier... oui, elle le savait, elle était belle, mais cela suffisait-il à rendre un dieu fou d'amour ? Et elle n'appréciait pas franchement qu'on l'aime pour son physique.
Il lui avait dit, plusieurs fois déjà, qu'il y avait son intelligence, son courage, sa sensibilité... et pourtant, elle n'arrivait toujours pas à y croire, elle n'arrivait pas à croire que cinq ans auparavant, le plus puissant des dieux l'avait demandée en mariage, lui avait donné un enfant... qu'elle avait tué, ce qui avait provoqué une guerre civile. Elle réfléchit un instant, se torturant les méninges pour trouver la solution de ce problème, et enfin... se décida. Elle leva les yeux vers les Leshger, vrillant son regard dans le sien, et fit d'une voix encore un peu tremblante :

J'ai longuement réfléchi. Et... Elle déglutit péniblement avant de poursuivre. J'accepte ta demande. Mais, une chose soit claire... si tu es un tyran comme Einaff, je ferai comme j'ai fait à mon père : je te tuerai, et si je ne peux pas te tuer, je trouverai un moyen de te faire tant souffrir que tu ne demanderas plus qu'une chose : mourir. Tu m'as dit de poser mes conditions, alors je le fais : laisse-moi participer à la politique de l'état... c'est tout ce que je veux...

Elle résista un moment à son envie de se blottir dans les bras de Leshger, mais ne put pas se retenir longtemps. Elle posa sa tête contre le torse du dieu, murmurant d'une voix mélodieuse qui reprenait ses intonations chantantes d'antan :

Et j'aimerais qu'avec moi, tu ne sois pas le Roi d'Antiaz, mais simplement le dieu que j'aime, et qui m'aime assez pour être capable de me torturer pour m'avoir...
Allons sur le champ de bataille, il faut que ce massacre cesse...

Mais d'abord, elle devait se changer. Elle regarda sa tenue, déchirée en plusieurs endroits, sale, et claqua des doigts après un instant d'hésitation. Elle se retrouva vêtue d'une longue robe blanche. Le haut était un bustier élégant, le bas, une jupe longue et très fendue des deux côtés, tant et si bien que ses jambes étaient largement apparentes. Elle portait aussi une étole en mousseline blanche, entourant sa silhouette et la rendant quasi irréelle. Elle se leva, sachant que Leshger faisait de même, et avec lui, se téléporta dans la vallée de Walhombre...